Accepter la surprise : un état d'esprit à cultiver en gestion de crise
- La direction
- 17 mai
- 5 min de lecture

Dans certaines situations, nous savons d’avance que nous serons surpris.
C’est le cas lorsque je m’élance sur une course en montagne.
Et si c’était précisément cet état d’esprit que le déclenchement d’une cellule de crise devait créer ?
Le déclenchement d'une cellule de crise est trop souvent associé à une catastrophe inéluctable.
Pourtant, le déclenchement de la cellule de crise peut aussi évoquer la mise en place d'une structure spécifique qui permet une plus grande créativité pour répondre à la surprise. Elle peut être synonyme d'opportunités nouvelles.
Comprendre la surprise
La surprise est une émotion universelle, un instant suspendu où tout peut basculer. Plutôt que de la percevoir comme une menace, et si nous l’envisagions comme un tremplin vers une créativité exceptionnelle ?
La surprise : rupture et opportunité
Pour mieux réagir à la surprise, il faut d’abord la comprendre.
En psychologie, elle marque une rupture cognitive : nos attentes sont soudainement confrontées à une réalité nouvelle.
En biologie, elle déclenche une réponse physiologique : accélération du rythme cardiaque, dilatation des pupilles, libération d’adrénaline.
Dans l’art, elle devient un moteur de création, captivant et inspirant.
Quel que soit l’angle adopté, la surprise est un appel à l’action.
En gestion de crise, elle peut générer de l’inquiétude, mais aussi éveiller une énergie nouvelle. Il ne s’agit pas de nier les difficultés, mais de comprendre que chaque crise recèle des opportunités insoupçonnées, prêtes à être saisies par ceux qui savent adapter leur regard.
La gestion de crise : une question d’état d’esprit
La surprise ne peut être évitée, mais elle peut être apprivoisée. La gestion de crise repose sur un principe fondamental : il ne s’agit pas d’éradiquer l’imprévu, mais d’apprendre à s’y adapter rapidement.
Plutôt qu’une fatalité, la crise devient une invitation à explorer, innover et transformer.
“Un individu bien préparé en gestion de crise
apprend à détecter les opportunités dans
le chaos.”
Pauline DELAPORTE
Certains profils sont plus habitués à gérer l’inattendu : les voyageurs, les pratiquants d’activités en montagne ou en mer, les dirigeants d’entreprise. Avec l’expérience, ils développent un état d’esprit souple, réduisant l’écart entre attentes et réalité pour conserver leur énergie et agir efficacement.
Un individu bien préparé en gestion de crise apprend à détecter les opportunités dans le chaos. Il ne cherche pas à tout contrôler, mais à se concentrer sur ce qui peut être influencé ou transformé.
De l’instinct à l’entraînement : développer l’agilité
Face à une situation imprévue, la réaction première est instinctive. Le stress aigu active les réponses archaïques : fuite, lutte ou immobilisation (les "3F" : fight, flee, freeze). Cependant, l’entraînement permet d’évoluer vers une réponse plus maîtrisée et efficace.
À travers des simulations, des débriefings et des protocoles flexibles, les équipes apprennent à mieux gérer leur réaction face à la surprise.
L’objectif est de basculer vers un état d’esprit alliant curiosité, calme stratégique et vision opportuniste. Cet état permet d’identifier les leviers disponibles pour transformer l’inattendu en moteur de changement.
Le sport d’endurance : un miroir de la gestion de crise
Les sports d’endurance en montagne offrent une métaphore puissante pour la gestion de crise.
Une tempête soudaine, un problème d’alimentation, une baisse d’énergie : autant d’événements imprévisibles qui forcent les coureurs à adapter leur stratégie en temps réel.
L’entraînement
joue un rôle essentiel,
mais c’est surtout l’état d’esprit
qui fait la différence.
Les athlètes aguerris ne considèrent pas ces événements comme des obstacles, mais comme des éléments à intégrer dans leur progression.
En gestion de crise, cette même philosophie permet de faire face à l’imprévu avec résilience et adaptabilité.
Cultiver l’art de l’étonnement
Apprendre à réagir à la surprise, c’est cultiver l’art de l’étonnement.
Cela commence par une posture mentale : rester ouvert à l’inattendu, rechercher les opportunités cachées et accepter de sortir de sa zone de confort.
Ensuite, cela implique de renforcer certaines compétences pratiques : gestion des émotions, prise de décision rapide et expérimentation audacieuse.
“Ce n’est pas l’espèce la plus forte qui survit, ni la plus intelligente, mais celle qui s’adapte le mieux au changement.”
Charles Darwin
Cette citation résume l’essence de la résilience : transformer l’inattendu en opportunité de croissance.
Dans un monde où l’incertitude est devenue la norme, apprivoiser la surprise est une compétence essentielle. Adopter cette philosophie permet non seulement de traverser les crises, mais aussi d’en ressortir plus forts, plus agiles et plus inspirés.
La surprise est une porte ouverte sur l’inconnu, une invitation à voir autrement et à agir différemment. Ce n’est pas l’incertitude qui nous fragilise, mais notre refus de l’accueillir.
En gestion de crise comme en ultra-endurance, ceux qui transforment l’imprévu en opportunité en ressortent plus forts.
Plutôt que de subir l’inattendu, apprenons à l’exploiter. Après tout, les plus grandes découvertes et révolutions sont nées d’un imprévu. Et si, au lieu de craindre la surprise, nous la considérions comme le point de départ de notre prochaine réussite ?
Pauline DELAPORTE
Passionnée de résilience, de nature et d'endurance en montagne 🏔, je suis consultante en gestion de crise. Ex-DRH en contexte Covid, j’ai encadré 600h d’exercices de crise et travaillé avec diplomates, militaires, ONG et entreprises en France et à l’international.
5 étapes pour
aborder la surprise avec un esprit d’endurance
1️⃣ S'exposer régulièrement à l’inattendu
En ultra-endurance, l’entraînement intègre des sorties en conditions difficiles pour préparer le corps et l’esprit aux aléas. En gestion de crise, simulez des scénarios imprévus : réunions interrompues, décisions urgentes, ressources limitées… Plus vous vous habituez aux surprises, plus vous les gérez avec sérénité.
2️⃣ Développer des réflexes face aux imprévus
Lors d’un ultra, la douleur ou la fatigue ne préviennent pas. L’athlète apprend à observer ses sensations et à ajuster son allure. En crise, entraînez-vous à repérer vos signaux internes (stress, confusion) et à appliquer des techniques de recentrage : respiration contrôlée, micro-pause, reformulation rapide du problème.
3️⃣ Apprendre à segmenter l’effort
Face à un ultra comme face à une crise, regarder l’ensemble du défi peut paralyser. La clé ? Diviser en étapes courtes et atteignables. Entraînez-vous à gérer une situation inattendue en vous posant cette question : Quelle est la prochaine meilleure action à entreprendre ?
4️⃣ Se préparer à l’imprévu dans un cadre sécurisé
Les coureurs s’entraînent avec des variations de terrain pour développer leur capacité d’adaptation. En entreprise, créez des exercices où des éléments surprises sont introduits : un collègue change un plan en dernière minute, une ressource devient indisponible… Cet entraînement améliore la flexibilité et l’esprit d’équipe.
5️⃣ Débriefer chaque surprise pour progresser
Après une course, l’analyse des points forts et des difficultés est essentielle. Faites de même après chaque crise ou exercice : qu’avez-vous bien géré ? Qu’auriez-vous pu améliorer ? Ce travail de relecture transforme l’imprévu en apprentissage, renforçant votre endurance mentale face aux crises futures.
En intégrant ces étapes, vous entraînez votre esprit comme un athlète prépare son corps, prêt à faire face aux surprises avec lucidité et résilience.
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