Gestion de crise, qui prépare les communes?
La multiplication des crises de différentes natures, dues majoritairement à l’activité humaine, a une incidence majeure sur le fonctionnement des collectivités locales, premier acteur de proximité des citoyens.
Les communes se retrouvent face à des défis auxquels elles doivent répondre, mais sont-elles préparées?
La multiplication des crises de différentes natures, dues majoritairement à l’activité humaine, a une incidence majeure sur le fonctionnement des collectivités locales, premier acteur de proximité des citoyens. Les communes se retrouvent face à des défis auxquels elles doivent répondre, mais sont-elles préparées?
Les communes : acteurs de la gestion de crise de proximité
Au Canada, les municipalités et en France, les communes, sont les acteurs premiers d’accompagnement des citoyens. Ce sont des échelons locaux qui ont une grande connaissance du terrain et de la population. Dans le cadre de la mise en place d’un plan de continuité d’activité, il est primordial de commencer par l’élaboration d’un diagnostic fondé sur la prise en compte du contexte et de l’identification des risques.
Longtemps, les alertes données aux habitants des villes et villages passaient par le tocsin, qui retentissait des différentes églises. C’était un moyen local de prévenir les personnes à proximité. Une relation de confiance était établie par cette gestion de l’alerte grâce à des acteurs de proximité. Aujourd’hui, si les moyens se sont modernisés (réseaux sociaux, sirènes, etc.), les communes et les municipalités restent ces acteurs de proximité que l’on identifie clairement. À la différence d’acteurs étatiques, qui peuvent créer du doute chez certains administrés, la commune représente cette figure de confiance.
Gérer la crise et gérer SA crise
La commune, où la municipalité est un acteur de confiance de tous les jours pour les habitants. Or, c’est en plein cœur de la crise, puis lors du retour à la normale, que la confiance peut souvent se fragiliser. Ainsi, si les forces de secours vont agir dans l’immédiateté pour sauver, si nécessaire, des vies, l’accompagnement des communes se fait sur un plus long terme.
Gérer une crise, c’est courir un marathon, pas un sprint. Il est nécessaire de ne pas agir dans la précipitation ni de perdre son énergie les premiers temps.
Si, en interne, les responsables d’une commune ou d’une municipalité ne savent pas communiquer, prendre soin des agents et donner une ligne directrice claire, c’est la crise RH qui pointe son nez. De nombreux responsables politiques souhaitent souvent que tout soit réglé dans l’immédiateté, parce que c’est mieux de dire que tout est terminé, parce que cela risque de coûter cher au contribuable, etc. Mais la mission de la personne responsable de la prévention est de garder la tête froide et de prendre, si nécessaire, son temps. L’organisation de la réunion d’une cellule de gestion de crise est importante. Cela permet de réunir les parties prenantes, d’avoir une image globale des actions de chacun et des solutions proposées. Cela permet aussi d’organiser sa communication avec le public.
Des moyens souvent peu valorisés
Pouvoir prendre le temps de gérer une crise semble demander, notamment, des moyens humains développés. Toutefois, quelle que soit la taille de son équipe, il est possible d’adapter ses effectifs à la crise.
Il est nécessaire pour cela d’établir en amont les ressources disponibles et les capacités de chacun à agir. Il est aussi primordial de hiérarchiser les services non prioritaires en situation dégradée pour permettre de réaffecter, si nécessaire, les moyens humains et matériels à la gestion de crise.
L’anticipation est la clé. Elle passe notamment par la création d’une culture du risque qui doit être transmise tant à ses agents qu’à l’ensemble des membres de la collectivité.
Un bon outil est le Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs (DICRIM).
C’est un condensé du diagnostic des risques de la commune, des moyens de prévention existants et de conseils à la population. Le tout doit absolument être adapté au territoire visé, sans quoi il ne serait pas efficace.
Si les moyens sont peu valorisés, c’est aussi par cette image de pessimisme qui est souvent reprochée à la gestion de crise et à la prévention en général. Pour lutter contre cette mauvaise image, il ne faut pas se laisser aller et continuer à travailler avec l’ensemble des partenaires locaux.
Les forces de secours vont agir dans l’immédiateté
pour sauver, si nécessaire, des vies,
l’accompagnement des communes se fait sur un plus long terme
De multiples acteurs de proximité
La commune n’agit pas forcément seule. En plus des forces de sécurité civile, une multitude de parties prenantes gravitent autour de la question de la gestion des risques. Les associations locales, les commerçants, mais aussi les communes voisines et les échelons administratifs supérieurs (provinces , départements, etc.) sont autant de partenaires qu’il faut savoir mobiliser.
Pour agir avec efficacité,
il est nécessaire de connaitre ces acteurs.
Cela passe par des échanges de bonnes pratiques, des rencontres du tissu local, et aussi des exercices menés en commun. Ainsi, la relation de confiance entre les instances dirigeantes durant la crise et tous ces soutiens potentiels sera déjà bâtie et chacun pourra agir plus efficacement. C’est aussi une occasion de créer des vocations et de nouvelles opportunités d’engagement .
En définitive, la gestion de crise au sein des communes passe par un grand travail d’anticipation. La rédaction d’un Plan Communal de Sauvegarde (PCS), ou encore d’un DICRIM, est un élément d’appui, mais ces documents ne feront pas tout. Gérer une crise, c’est avant tout gérer de l’humain. Même en ayant des dizaines de plans d’action préparés en amont, rien ne vaut une équipe soudée, qui a confiance en ses managers et qui sait quel est le but recherché.
Donner du sens reste un élément essentiel.
Il appartient donc à chacun de savoir commencer à placer le curseur des objectifs de gestion de crise : quel est le diagnostic actuel, vers où ma commune doit aller? Même de petites actions comme les évacuations incendie sont des étapes majeures dans le développement de la culture du risque.
Article rédigé par Guillaume Aghroum
Guillaume est Référent Sauvegarde et Prévention des Risques au sein de la commune du Chesnay-Rocquencourt (France, 32 000 habitants). Il intervient sur des sujets comme la prévention des risques majeurs et professionnels ainsi que la prévention de la délinquance.
En savoir plus : https://www.linkedin.com/in/guillaumeaghroum/
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