Résilience et antifragilité, pour une entreprise prospère
La splendeur et la finesse d’un plat en porcelaine sont remarquables, mais il est surtout très fragile. Lorsqu’il tombe, il se brise facilement.
En revanche, un plat en plastique, même s’il est moins esthétique que la porcelaine, est résistant aux chocs. Il pourra y avoir quelques bosses, mais, on pourra continuer à l’utiliser. La fragilité et la robustesse sont deux termes opposés. Mais comment appelle-t-on quelque chose qui ressort plus grand, plus vigoureux, plus fort après un choc ? De l’antifragilité.
Lorsqu’un enfant apprend à marcher, il fait une première chute, puis une seconde. Il a quelques bosses, mais cela ne l’empêche pas de se relever et de faire des apprentissages. Il va développer des techniques et des réflexes qui vont lui permettre d’être plus habile, d’être plus sûr dans ses déplacements et, surtout, il saura comment éviter les prochaines chutes.
Raphaël De Vittoris explique l’antifragilité comme étant un monde que l’on explore un peu comme un petit enfant qui découvre et apprend à marcher.
“ L’échec est un diplôme ”
Raphaël De Vittoris
Effectivement, les échecs et les erreurs sont des apprentissages. Ils nous conduisent à trouver des solutions pour faire face à des chocs, à du stress, à des erreurs, à de l’incertitude ou à tout autre événement perturbateur. L’incertitude nous permet de développer des savoirs. C’est ça, l’antifragilité.
Avec la mondialisation croissante des échanges et la dépendance à l’égard de la technologie, les entreprises doivent faire face à des risques toujours plus nombreux et variés. Les changements climatiques ont également ajouté une dimension supplémentaire aux risques auxquels les entreprises sont confrontées, avec des événements météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents et imprévisibles. De plus, les épidémies ou les pandémies mondiales comme celle de la COVID-19 ont montré à quel point les entreprises peuvent être vulnérables à des événements qui échappent à leur contrôle.
Les perturbations économiques, les restrictions de voyage et les mesures de confinement ont perturbé les activités des entreprises et entraîné des pertes financières importantes. Des événements géopolitiques tels que la guerre entre l’Ukraine et la Russie peuvent également avoir un impact significatif sur les entreprises.
Les entreprises qui dépendent fortement de l’exportation ou de l’importation de biens et de services peuvent être particulièrement vulnérables à ces événements.
Tous ces facteurs contribuent à rendre les entreprises plus fragiles et à leur donner l’impression qu’une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de leur tête.
Un simple grain de sable, comme une panne de courant ou une cyberattaque, peut perturber considérablement le fonctionnement normal d’une entreprise et lui causer des pertes financières importantes. Il est donc crucial pour les entreprises de prendre en compte ces risques et de mettre en place des mesures pour atténuer leur impact potentiel.
C’est là qu’entre en jeu le concept de résilience. La résilience, c’est absorber un choc, y résister, le surmonter, ou l’affronter pour revenir dans un état de quasi-normalité.
Pour y parvenir, les entreprises doivent élaborer des plans de continuité des affaires, de gestion de crise, de reprise informatique, etc., et traverser la turbulence avec détermination. En mettant en place de la résilience dans les entreprises, elles limitent de nombreux points de fragilité.
Trouver l’équilibre parfait entre résilience et
antifragilité est la clé de la pérennité.
Bien que la résilience et l’antifragilité partagent certains points communs comme faire face à des chocs ou des à perturbations, il y a quelques contraintes à prendre en compte pour élaborer des stratégies organisationnelles en cas de choc.
La première contrainte concerne les notions de risque et d’incertitude. En effet, le concept de résilience est compatible uniquement avec la notion de risque. Afin de rendre une entreprise résiliente, il est nécessaire de réaliser une analyse des risques qui permet d’évaluer la probabilité et l’impact des risques, afin de prendre les mesures nécessaires pour réduire leur apparition et leurs conséquences.
En revanche, le concept de résilience est inadapté pour traiter l’incertitude. Tout comme son nom l’indique, l’incertitude ne peut être mesurée par des probabilités, contrairement aux risques qui sont mesurables.
La deuxième contrainte est la suivante : si le concept de résilience s’est résister à un choc, il ne faut pas que cela empêche l’entreprise de développer une adaptabilité aux évolutions.
Est-ce que l’entreprise doit être uniquement résiliente ou antifragile ou bien une combinaison des deux ?
Pour être pérennes, les entreprises doivent développer à la fois la résilience et l’antifragilité.
Selon leur domaine d’activité et la situation, les entreprises devront mettre en place des stratégies pour renforcer leur résilience à certains moments et, à d’autres, elles devront adopter des stratégies axées sur l’antifragilité. En fait, il s’agit d’un « patchwork » des deux concepts qui doivent être appliqués à tous les niveaux de l’entreprise.
Il est crucial de trouver un équilibre entre ces deux approches si l’entreprise souhaite être pérenne. Raphaël De Vittoris parle d’une mosaïque pérenne.
En conclusion, la fragilité et la robustesse ne suffisent plus. L’avenir appartient à l’antifragilité. Les entreprises doivent être conscientes des risques croissants liés à la mondialisation et aux changements climatiques, et accueillir l’incertitude comme une opportunité de se développer.
Pour réussir, elles doivent être à la fois être résilientes et antifragiles. La résilience aide à surmonter un choc, mais c’est l’antifragilité qui permet de prospérer après. Les entreprises doivent élaborer des plans de continuité des affaires, mais également apprendre des échecs et des erreurs pour être plus habiles et plus à même de faire face aux perturbations.
Interview fait par Alexandre Fournier
Expert en gestion et simulation de crise
Consultant, formateur et conférencier dans les domaines de la continuité des affaires et de la gestion de crise depuis 30 ans.
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Article rédigé par Karine Maréchal-Richard
Experte en continuité des affaires et gestion de crise.
Consultante, formatrice et conférencière dans les domaines de la continuité des affaires et de la gestion de crise depuis 15 ans.
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