Résilience : la clé de la prospérité dans un monde incertain
Depuis une vingtaine d’années, on entend parler de plus en plus de la Résilience organisationnelle.
La norme ISO 22316 :2017 la décrit comme étant la capacité d’une organisation à absorber et à s’adapter à un environnement changeant pour lui permettre d’atteindre ses objectifs, de survivre et de prospérer.
Mais les organisations n’existent pas en vase clos. En fait, elles évoluent à l’intérieur de communautés (pays, villes, industries, etc.). De plus, elles requièrent l’apport et le support de personnes (travail manuel, créativité, leadership, etc.) sans lesquels les organisations ne peuvent fonctionner. On doit alors se demander s’il est possible qu’une organisation soit résiliente lorsqu’elle existe dans une communauté non résiliente ou quand elle est supportée par des personnes non résilientes ?
Dans cet article, nous allons explorer les différents types de résilience et comment ils peuvent être interconnectés. Nous verrons également l’importance croissante de la résilience afin d’assurer la prospérité dans un monde en constante évolution.
Un concept multidimensionnel
De l’opinion de plusieurs experts dans le domaine, la résilience organisationnelle doit s’appuyer sur d’autres formes de résilience afin de fonctionner pleinement. Selon eux, la résilience est un concept multidimensionnel qui se manifeste principalement sous trois formes – organisationnelle, communautaire et personnelle.
Ces trois formes, bien que distinctes, sont profondément interconnectées et se renforcent mutuellement, créant un écosystème qui permet à une organisation non seulement de survivre à une perturbation, mais aussi de prospérer face aux défis qu’elle rencontre.
La résilience organisationnelle
La résilience organisationnelle permet à une organisation d’anticiper et de répondre aux menaces et aux opportunités provenant de changements soudains ou progressifs, dont l’origine est interne ou externe. Ainsi, elle contribue à l’atteinte des objectifs stratégiques, de survivre et même de prospérer, quoi qu’il arrive.
Ce type de résilience résulte de bonnes pratiques commerciales et d’une gestion efficace. Cela peut impliquer plusieurs éléments dont des stratégies de gestion des risques, des plans de continuité, la cybersécurité, des systèmes robustes et flexibles, le respect des lois et une culture organisationnelle qui valorise et favorise la résilience. L’amélioration de la résilience organisationnelle peut même devenir un objectif organisationnel stratégique en soi.
On pourrait penser que l’atteinte d’une résilience organisationnelle dépendrait largement de décisions internes à l’organisation. Cependant, nous croyons que la résilience organisationnelle ne peut être atteinte quand l’organisation œuvre dans un environnement communautaire qui n’est pas résilient. On peut penser à une usine construite près d’une rivière dont la digue est mal entretenue par la ville.
De même, lorsque les individus au sein de l’organisation ne sont pas résilients, ils auront de la difficulté de contribuer à son succès. On peut penser à des employés dont le salaire leur permet difficilement de faire face au coût de la vie dans un contexte d’inflation.
Une organisation peut avoir des plans de continuité d’activité robustes,
mais si une catastrophe naturelle frappe la communauté
et détruit les infrastructures locales,
l’organisation sera inévitablement touchée.
La résilience communautaire
La résilience communautaire est la capacité d’une communauté à se préparer, à répondre, à s’adapter et à se remettre des perturbations. Cela peut impliquer plusieurs éléments dont des infrastructures robustes et bien entretenues, des systèmes de soutien social, des plans d’urgence communautaires et une culture de résilience.
Une organisation peut avoir des plans de continuité d’activité robustes, mais si une catastrophe naturelle frappe la communauté et détruit les infrastructures locales, l’organisation sera inévitablement touchée. On peut penser à des inondations, des pannes d’électricité majeures, des feux de forêt, etc.
L’organisation peut contribuer à la résilience communautaire en s’impliquant dans les programmes d’amélioration de la communauté par des subventions, des dons d’équipement, des collectes de fonds, des journées bénévoles, etc., ou lors de la réponse à des événements en mettant à la disposition de la communauté des ressources (de l’équipement, des véhicules, des locaux, de la nourriture, des biens essentiels, etc.).
Il pourrait alors se créer une meilleure compréhension des besoins mutuels et une meilleure coopération qui aurait pour effet d’augmenter la résilience communautaire dans laquelle se trouve l’organisation et, conséquemment, augmenter la résilience de l’organisation.
La résilience personnelle
La résilience personnelle fait référence à la capacité d'un individu à faire face, à s'adapter et à se remettre des défis et des adversités qu’il rencontre dans sa vie. Cela peut impliquer des compétences de gestion du stress, une attitude positive, la capacité à résoudre les problèmes et à prendre des décisions, et un réseau de soutien solide.
L’organisation peut contribuer à la résilience personnelle en adoptant une culture respectueuse de l’employé (équilibre travail-famille, horaire de travail adapté, salaire suffisant, programmes d’avantages sociaux, etc.) et un environnement de travail sécuritaire, tant au niveau physique que psychologique. Des employés en bonne santé et heureux peuvent mieux se concentrer sur leur travail. Cela a un impact direct sur la qualité, la satisfaction des clients et la rentabilité.
Des employés résilients sont donc essentiels pour une organisation résiliente, car ce sont eux qui mettent en œuvre les stratégies afin d’atteindre les objectifs de l’organisation, qui adaptent leur façon de travailler face aux changements et qui continuent à fonctionner efficacement en période de stress ou de perturbation.
De la continuité d’activité à la résilience
Pour beaucoup, les concepts de résilience ne sont pas encore clairs. La résilience est souvent perçue comme une dépense optionnelle pour se prémunir contre les perturbations.
Plus simplement, on peut voir la résilience comme une espèce d’évolution de la continuité d’activité. Ainsi, la continuité d’activité concerne la capacité d'une organisation à maintenir ses opérations essentielles pendant et après une perturbation.
Cela implique d'avoir des plans et des systèmes en place pour gérer les crises et s’en remettre rapidement. Avec la continuité d’activité, les organisations peuvent réduire de beaucoup les coûts associés aux interruptions d'activité, comme la perte de revenus, les pénalités contractuelles et la perte de confiance des clients.
La résilience, quant à elle, va au-delà de la simple reprise après une perturbation.
Elle concerne la capacité d'une organisation à s'adapter et à prospérer face au changement et à l'incertitude. Cela implique d'avoir une culture, des systèmes et des processus flexibles qui permettent à l'organisation d'évoluer. En investissant dans la résilience, les organisations peuvent non seulement survivre aux défis, mais aussi saisir de nouvelles opportunités et innover.
L'avenir de la résilience
En regardant vers l'avenir, on peut penser que la résilience va se développer et devenir une compétence indispensable pour assurer la pérennité et la réussite de toutes les organisations. À l'instar de la continuité d’activité qui est devenue une exigence standard dans le monde des affaires, la résilience suivra tout probablement le même chemin.
Dans un monde de plus en plus complexe et incertain, la capacité à s'adapter et à prospérer face au changement et à l'adversité est essentielle. Les organisations qui sont capables de faire preuve de résilience seront mieux placées pour gérer les défis et saisir les opportunités qui se présentent.
Dans un avenir rapproché, on peut s’attendre à ce que les organisations demandent à leurs fournisseurs de démontrer leur résilience, tout comme elles demandent aujourd'hui à voir leurs capacités de continuité d’activité et de protection des données. La résilience ne sera pas seulement un avantage concurrentiel, mais une exigence.
Cela signifie que les organisations devront intégrer la résilience dans tous les aspects de leur fonctionnement. Cela va au-delà de la simple mise en place de plans de continuité d’activité ou de gestion des risques. Cela implique de créer une culture de résilience, de développer des systèmes et des processus flexibles, et de renforcer la résilience personnelle et communautaire.
La résilience se révèle être un concept essentiel dans un monde en perpétuel mouvement. En intégrant les trois facettes de la résilience - organisationnelle, personnelle et communautaire - les individus, les organisations et les communautés peuvent non seulement survivre aux défis et aux perturbations d’un monde incertain, mais aussi prospérer.
Article écrit par Denis Goulet, MBCI
L’avènement du « Chief Resilience Officer »
Mais qui est le Chef d’orchestre qui pourra mettre en place et entretenir la résilience d’une organisation ?
Depuis quelques années, un nouveau poste se dessine dans les organisations; le « Chief Resilience Officer » (CRO). Le titre est utilisé dans le cadre de l'initiative « 100 Resilient Cities », parrainée par la Fondation Rockefeller.
Ce poste couvre les aspects de risques, sécurité, continuité, mesures d’urgence, chaîne d’approvisionnement, gestion de crise, gouvernance, santé & sécurité, et plusieurs autres (voir Annexe A de la norme ISO 22316 :2017).
Cette personne est un membre essentiel de l’équipe de Direction et prend part aux décisions stratégiques de l’organisation afin d’instaurer et de maintenir la résilience au sein d'une organisation. Le/la CRO coordonne les initiatives de résilience, prépare l'organisation à diverses perturbations et collabore avec tous les départements pour intégrer la résilience dans les pratiques commerciales.
Le/la CRO promeut une culture de résilience personnelle, s’assurant que les employés sont formés à la gestion du stress et renforçant les réseaux de soutien internes. Il/elle travaille également avec la communauté locale pour soutenir la résilience communautaire, contribuant à des projets d'infrastructure et soutenant les initiatives locales.
De plus en plus d’organisations mettent en place un poste de « Chief Resilience Officer », tels qu’en témoignent cet article dans Forbes et les offres d’emploi dans LinkedIn.
En intégrant la résilience dans tous les aspects de l'organisation, le/la CRO transforme les crises en opportunités, assurant la prospérité de l'organisation dans un monde en constante évolution.
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